Affaire Lancasterer

J'ai reçu une copie de la lettre du Doyen Merlin qui vous été destiné :

Merlin a écrit:Monsieur Lancasterer,

A la suite d'une lettre de délation , des fonctionnaires de la Manufacture Doyennale d'ivoirine ont découvert et saisi dans votre entrepôt des défenses de phosphatherium. En titre de Doyen et au nom du Doyennat je vais saisir, après enquête complémentaire, le Président Du Tribunal pour que vous vous expliquiez sur cette découverte. Le travail de l'ivoire de phosphatherium est strictement réservé à la Manufacture Doyennale d'ivoirine vous devriez le savoir.

Dixit

Après enquête, je considère que vous êtes dans la situation de comparaitre devant le Tribunal Lédonien pour trafic d'ivoire illégal avec la circonstance aggravante de suspicion de faussaire de perles d'ivoinie.
Vous êtes convoqué au tribunal pour votre procès, selon le code pénal de la Ligue vous pouvez vous faire représenté par un avocat de votre choix.

N'ayant pas de nouvelles de Lancasterer, je demande avec toute l'autorité que m'ont confiée les Doyens à Francii en tant que Chef de la Milice d'Ebur d'aller quérir cet homme ou il se trouve. Prenez autant d'Eburiens que vous souhaitez et descendez le Décan jusqu'à Fergan avant que le prévenu ne prenne un bateau.

J'étais présent à Ebur, je me présente de plein gré au Tribunal. Vous pouvez rappeler votre Milice. Je demande à être représenter comme le Code Pénal de la Ligue Eburnéenne Décanale le permet. Brian Greene sera mon avocat.

Très bien, vous comparaissez libre, mais ne quittez pas la ville d'Ebur.

Bonjour,
Comme vous l'a présenté Mr Lancasterer, je vais l'appuyer pour présenter sa défense et vous prouver que tout cela résulte d'un malheureux malentendu.
Il se trouve tout d'abord que nous n'avons reçu aucun rapport d'enquête concernant cette affaire. Et que par conséquent nous ne savons ni de quel stock il s'agit, ni de quel entrepôt (Mr Lancasterer en possède deux en tout dont un est loué parfois à quelque voyageur de passage), il s'agirait de ne pas se méprendre sur l'objet visé.
De la même manière, nous n'avons pas eu l'opportunité d'expliquer la présence de ces défenses de phosphatherium si tant est qu'il s'agisse bien de ces pièces, car je réitère; Aucun document ne nous est parvenu à ce jour pour comprendre sur quoi l'accusation portait exactement et aucun enquêteur n'est venu à ce jour questionner Mr Lancasterer sur le sujet.

Les fonctionnaires de la Manufacture Doyennale d'ivoirine ont découvert et saisi le dit stock de défenses de phosphatherium dans l’entrepôt que possède monsieur Lancasterer à Fergan. Il s'agit certes d'une petite quantité (moins de deux kilogrammes lédoniens) selon le rapport des fonctionnaires mais ces défenses étant la matière première de notre monnaie il s'agit d'une affaire sérieuse.
Nous demandons à votre client, ou si il le désire par votre intermédiaire, de s'expliquer sur la présence de cet ivoire dans son entrepôt.

Avez-vous fait les recherches nécessaires dans les registres de la tour d'ivoire ? En effet, une trace doit certainement subsister concernant une chasse qui date d'une dizaine d'années environ. Si nous parlons de la même chose, à l'évidence il s'agit d'un malheureux oubli. Mais admettez qu'un résidu de stock datant d'y il a dix ans ne peut faire l'objet d'un trafic quelconque. Si c'était le cas, l'objet du délit aurait été vendu depuis longtemps. Hors ce n'est pas le cas, vous dîtes avoir mis la main dessus.
L'organisation de cette chasse a été faite en collaboration avec le chasseur Arriaga à l'époque. Peut-être pourriez-vous le faire témoigner ?

Je me présente sur injonction du Président du Tribunal Juste.
En effet il y a 10 ans nous étions chargés avec Lancasterer de chasser des phosphatherium pour le compte de la Ligue Eburnéenne Décanale afin d'alimenter la Manufacture Doyennale d'ivoirine. Nous avions avec nous d'autres défenses issues de la même chasse mais d'espèce différente. La Ligue nous avez permis de prélever un petit nombre de spécimen d'autres espèces pour notre compte, nous avions des défenses de numidotherium. Pressés de recevoir notre paye en perles d'ivoirines, nous nous sommes présentés à la manufacture avec tout notre stock.
Nous avons reçu nos perles et c'est en rentrant à l’entrepôt que nous nous sommes aperçu que le fonctionnaire de la Manufacture avait confondu une parti des défenses de phosphatherium avec celles très proches de numidotherium.
Nous ne voulions pas de scandale en accusant le fonctionnaire d'incompétence. Ne sachons pas quoi faire des défenses de phosphatherium invendables à part à la Ligue, nous les avons gardées dans l’entrepôt. Les années ont passés, je ne me souvenais plus de cet événement.
Lancasterer ne devait pas avoir en tête cette vieille histoire, il devait avoir plus de souvenirs de la fiesta que nous avons fait avec les perles d'ivoirine.

Bon, cette affaire sent l'incompétence et le manque de sérieux. Je vais faire une requête à la Manufacture qui demandera ses archives à la Tour d'Ivoire si elle ne les possède plus. Je ne pense pas que les Doyens vont apprécier cette requête pour une affaire qui sent l'ivrognerie, la débauche et l'amateurisme.

Mr Lancasterer n'est pas homme à se mettre "la tête en dedans", il est plutôt modéré sur la boisson d'une manière générale. Arriaga exprimait une formule toute faite sans sous entendu éthylique.

Je viens vous remettre les conclusions des recherches dans les archives de la Manufacture. En fait les registres couvrant cette période ne se trouvaient plus dans leurs locaux. Ils étaient conservés dans la Tour d'Ivoire.
Personne à la Manufacture ne semblait avoir le courage d'aller déranger les Doyens pour leur demander de faire les recherches. En tant qu'ambassadrice je communique avec eux très régulièrement, pourtant ils étaient furieux. Ils ont finis par me faire parvenir le registre datant de cette période.
En conclusion, la bonne quantités de défenses correspondant à la demande de chasse formulée à Messieurs Arriaga et Lancasterer figure sur le registre. Cependant le registre a été clairement falsifié, en effet une rature précède le bon poids de défenses. Le fonctionnaire en question a manifestement tenté de corriger le registre pour cacher son erreur. Nous n'en saurons pas plus, le fonctionnaire en question est décédé.
Le processus de confection des perles d'ivoirines produisant des pertes variables de matière première, cette erreur a très bien pu passé inaperçue étant donné la faible quantités de défenses manquantes.
Il semble donc que messieurs Lancasterer et Arriaga soient de bonne foi et que la fraude provienne de la Manufacture.

Bon, je constate que l’incompétence d'un fonctionnaire fait couler beaucoup d'encre. Je ferai un courrier en se sens aux Doyens pour que ce genre d'amateurisme ne se produise plus.
Il n'en reste pas moins que le petit stock de défenses de phosphatherium a bien été découvert dans l’entrepôt de monsieur Lancasterer.
Je constate cependant qu'après autant de temps les charges de fabrication de fausse monnaie sont faibles, voir inexistantes. En avez ils seulement les compétences c'est peu probable.
Les éclaircissements de l'ambassadrice Torpen me suffisent pour réfléchir à une peine appropriée.
Je laisse 24 heures à la défense pour éventuellement intervenir avant que je ne prononce le verdict.

Je citerais Chesterton: "L'espoir signifie avoir des expectatives quand la situation est autrement désespérée." Ce n'est pas le cas ici, nul n'est besoin de pronostiquer cet 'improbable dessin aussi veule. Un simple concours de circonstances naît il y a dix ans et trouvant son épilogue heureux aujourd'hui grâce à la diligence de notre ambassadrice et à la main professionnelle de notre Présidente du Tribunal.
Je pense que ce que nous devons retenir de tout ceci, c'est que nous sommes simplement des femmes et des hommes avec nos manquements, nos pertes de mémoires, nos imperfections. Mais aussi avec l'assurance d'être compris par d'autres tout aussi humains que nous. Mr Lancasterer n'a pas cherché à troubler quoi que ce soit, ni à tromper qui que ce soit, simplement il a été victime du temps et de l'erreur humaine.
Combien d'entre nous auraient failli de la même manière sur cet écueil ?

Au titre de la confiance que les Doyens m'ont confiés en me nommant Président du Tribunal, ayant entendue les arguments de la défense exposés par monsieur Brian Greene et les conclusions de l'enquête, j'acquitte monsieur Lancasterer des chefs d'inculpation de trafic d'ivoire illégal avec la circonstance aggravante de faussaire de perles d'ivoirine.

Monsieur Lancasterer est donc libre de ses mouvements et peut reprendre ses activités sans aucune conséquence sur son métier de chasseur d'ivoire.
Il en est de même pour monsieur Arriaga, qui par son témoignage a éclairci ce procès.

Cependant le stock de défenses de phosphatherium saisi, sera remis à la Manufacture sans compensation financière.

La défense a possibilité de faire appel de cette décision.

Je suis pour ma part soulagé de ne pas avoir été inquiété plus en avant dans ce procès. En cas d'appel je me désolidarise du cas de monsieur Lancasterer.